Abstract
À la cour de Danemark à la Renaissance, l’administration était trilingue : allemand, danois, latin. Vers la fin du XVIe siècle l’enseignement de langue faisait partie de la formation du roi et des nobles, et dans les sources de l’époque les officiers de la cour danoise étaient souvent loués pour leur connaissance en langues. Ces connaissances étaient habituellement acquises par de longs voyages de formation en Europe – parfois même jusqu’au Moyen Orient. Dans les alba amicorum – mais aussi dans les correspondances, dans les mémoires et même dans les dédicaces des livres – nous avons un riche témoignage des relations intellectuelles nouées pendant ces voyages.
La connaissance de la langue italienne était acquise grâce à des voyages en Italie, à la lecture de livres italiens, à la conversation avec des Italiens au Danemark et plus tard, au 17ème siècle, à l’école au Danemark ; Une académie pour les jeunes nobles fut en effet créée à Sorø pour remplacer les longs voyages de formation caractérisés par un taux de mortalité assez élevé.
Lors de l’ascension au trône du jeune roi Christian IV, l’italien était considéré comme faisant partie intégrante de la formation des jeunes nobles et l’on pourrait même parler d’un certain « italianisme » – comme c’était le cas au XVIe siècle en France. Il est ici question de cet italianisme sur fond trilingue. Il semble que Christian IV ait appris, comme sa soeur, Anne de Danemark, à parler l’italien, et il faisait venir de nombreux italiens (et des flammands italianisés) à la cour. L’attention est tirée sur deux italiens qui ont séjourné au Danemark et qui ont participé à la vie de cour.
Après avoir passé quelques années à Gottorp en service du comte de Schleswig-Holstein-Gottorp, Johan Friedrich, Salvator Fabris (1544-1617) a passé six ans à la cour du Danemark, d’octobre 1601 à avril 1607. Il était le maître d'armes du jeune roi Christian IV et l’auteur d’un livre exceptionnel dans l’histoire du livre danois, De lo schermo overo scienza d'arme, publié à Copenhague en 1606. Dans son autobiographie, le médecin Otto Sperling explique que Christian IV avait appris la langue italienne par Salvator Fabris.
Homme de lettres et de livres aussi bien qu’enseignant de langue, Giacomo Castelvetro (1546-1616) était comme son oncle Lodovico un de ces protestants Italiens exilés, qui voyageaient partout en Europe. Après avoir été maître de langue du roi Jacques VI en Écosse, le beau-frère de Christian IV, il est arrivé en août 1594 au Danemark dans la suite du noble Christian Barnekow. Après un an et demi passé au Danemark, Castelvetro est allé en Suède, au service du duc Charles, le futur roi Charles IX. A Copenhague Castelvetro a produit de nombreux manuscrits, manuscrits qui se trouvent maintenant aux États-Unis, à Newberry Library et à Columbia University Libraries. Mais la Bibliothèque Royale du Danemark possède plusieurs manuscrits et livres ayant appartenu à Giacomo Castelvetro, dont un manuscrit récemment découvert avec une collection de proverbes italiens écrite par Giacomo Castelvetro, Il Significato D'Alquanti belli & vari proverbi dell'Italica Favella. Ce manuscrit a été donné en cadeau à l’envoyé du roi danois, Niels Krag, en Écosse en 1593 et il s’inscrit ainsi dans le contexte de l’italianisme régnant à la cour du Danemark au tournant du siècle.
A l’époque de Christian IV, la langue italienne et, plus généralement, le modèle italien ont joui d’une estime inédite. Curieusement, l’intérêt pour l’Italien a été stimulé par le contact avec les cours d’Écosse et d’Angleterre.
La connaissance de la langue italienne était acquise grâce à des voyages en Italie, à la lecture de livres italiens, à la conversation avec des Italiens au Danemark et plus tard, au 17ème siècle, à l’école au Danemark ; Une académie pour les jeunes nobles fut en effet créée à Sorø pour remplacer les longs voyages de formation caractérisés par un taux de mortalité assez élevé.
Lors de l’ascension au trône du jeune roi Christian IV, l’italien était considéré comme faisant partie intégrante de la formation des jeunes nobles et l’on pourrait même parler d’un certain « italianisme » – comme c’était le cas au XVIe siècle en France. Il est ici question de cet italianisme sur fond trilingue. Il semble que Christian IV ait appris, comme sa soeur, Anne de Danemark, à parler l’italien, et il faisait venir de nombreux italiens (et des flammands italianisés) à la cour. L’attention est tirée sur deux italiens qui ont séjourné au Danemark et qui ont participé à la vie de cour.
Après avoir passé quelques années à Gottorp en service du comte de Schleswig-Holstein-Gottorp, Johan Friedrich, Salvator Fabris (1544-1617) a passé six ans à la cour du Danemark, d’octobre 1601 à avril 1607. Il était le maître d'armes du jeune roi Christian IV et l’auteur d’un livre exceptionnel dans l’histoire du livre danois, De lo schermo overo scienza d'arme, publié à Copenhague en 1606. Dans son autobiographie, le médecin Otto Sperling explique que Christian IV avait appris la langue italienne par Salvator Fabris.
Homme de lettres et de livres aussi bien qu’enseignant de langue, Giacomo Castelvetro (1546-1616) était comme son oncle Lodovico un de ces protestants Italiens exilés, qui voyageaient partout en Europe. Après avoir été maître de langue du roi Jacques VI en Écosse, le beau-frère de Christian IV, il est arrivé en août 1594 au Danemark dans la suite du noble Christian Barnekow. Après un an et demi passé au Danemark, Castelvetro est allé en Suède, au service du duc Charles, le futur roi Charles IX. A Copenhague Castelvetro a produit de nombreux manuscrits, manuscrits qui se trouvent maintenant aux États-Unis, à Newberry Library et à Columbia University Libraries. Mais la Bibliothèque Royale du Danemark possède plusieurs manuscrits et livres ayant appartenu à Giacomo Castelvetro, dont un manuscrit récemment découvert avec une collection de proverbes italiens écrite par Giacomo Castelvetro, Il Significato D'Alquanti belli & vari proverbi dell'Italica Favella. Ce manuscrit a été donné en cadeau à l’envoyé du roi danois, Niels Krag, en Écosse en 1593 et il s’inscrit ainsi dans le contexte de l’italianisme régnant à la cour du Danemark au tournant du siècle.
A l’époque de Christian IV, la langue italienne et, plus généralement, le modèle italien ont joui d’une estime inédite. Curieusement, l’intérêt pour l’Italien a été stimulé par le contact avec les cours d’Écosse et d’Angleterre.
Original language | Danish |
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Title of host publication | Les Cours: lieux de rencontre et d’elaboration des langues vernaculaires a la Renaissance = Höfe als laboratorien der volksprachigkeit zur zeit der Renaissance (1480-1620) |
Editors | Jean Balsamo, Anna Kathrin Bleuler |
Number of pages | 27 |
Place of Publication | Genève |
Publisher | Librairie Droz |
Publication date | 2016 |
Pages | 153-180 |
ISBN (Print) | 9782600019019 |
Publication status | Published - 2016 |
Series | Travaux d’Humanisme et Renaissance |
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Volume | 565 |
ISSN | 0082-6084 |